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Ils n'ont pas imité l'OL
28/09/2006 19:44
Micoud, le malaise girondin
Auteur d'un début de saison en demi-teinte, Johan Micoud a vécu mercredi soir au stade Chaban-Delmas contre le PSV Eindhoven (0-1) une soirée cauchemardesque. Privé de ballons, pris en marquage individuel par le Belge Simons, l'ex-meneur du Werder de Brême est même sorti à la mi-temps, officiellement sur blessure. Et comme par hasard, sa sortie a coïncidé avec un redressement de l'équipe qui n'est cependant pas parvenue à reprendre le dessus sur des Néerlandais solides. Bref, Bordeaux attend toujours le vrai Micoud...
Contre le PSV, Micoud n'a pas réussi à se dépêtrer de Simons.
"La seule question, c'est de savoir si Micoud sera en forme car c'est un élément important." Avant de défier Bordeaux mercredi soir au stade Chaban-Delmas, Ronald Koeman, l'entraîneur du SPV, estimait que la performance du meneur girondin était la clé de la rencontre. C'est pourquoi le coach néerlandais avait décidé de lui adjoindre un garde du corps en la personne du capitaine Simons, chargé de harceler Johan Micoud. A l'arrivée, ce dernier n'a pas eu autant de travail qu'il pouvait le craindre, puisque non seulement, l'international français a été particulièrement discret, mais en plus, il est sorti à la mi-temps.
"Sa blessure s'est réveillée, il avait été touché à un adducteur pendant la semaine. En rentrant au vestiaire, il s'est plaint d'une cuisse. Il était complètement gêné et nous n'avons pas voulu prendre de risques", expliquait à l'issue de la rencontre Ricardo, le manger des Girondins. S'il n'y a pas à douter de la version du Brésilien, force est de constater que ce changement a «porté ses fruits», dans la mesure où l'entrée en jeu de Chamakh et la réorganisation qui en a découlé en 4-4-2 a permis aux Bordelais, même si l'impression reste toute relative, de se montrer un peu plus entreprenants.
Avant cela, Micoud avait sombré dans l'oubli, sacrifié au nom d'une stratégie faite de longs ballons devant dans laquelle il n'a pas vraiment trouvé sa place. "Aujourd'hui, ce n'était pas facile pour lui car Simons l'a suivi partout, tentait de relativiser Ricardo. Il lui était impossible de trouver des espaces et c'était à Mavuba, Fernando ou Wendel d'occuper son rôle." Si le manager tente logiquement de préserver le joueur, il aura tout de même noté que sa prestation a une nouvelle fois déçu, ne faisant qu'accroître les interrogations à ce sujet, nombreuses depuis le début de la saison.
"Ce n'est pas à l'équipe de s'adapter à lui"
Si Micoud a attaqué de la meilleure façon possible en marquant à Lorient le but de la victoire lors de son premier match de Ligue 1 sous ses nouvelles couleurs, son rendement a ensuite été en-deçà des espoirs placés en lui, au point de provoquer chez lui de nombreux signes d'énervement, les observateurs présents du côté du Haillan faisant notamment état d'altercations verbales avec certains partenaires. Il faut dire que l'intéressé n'a pas dû reconnaître son Bordeaux. Le style chatoyant et offensif qu'il a connu au moment de son premier passage en Gironde au côté des Benarbia, Wiltord, Laslandes et autres avec à la clé un titre de champion de France en 1999, a en effet laissé la place à une stratégie bien plus défensive, Ricardo n'ayant pas oublié que c'est comme ça que le Paris-SG, dont il était un défenseur indiscutable à l'époque, avait remporté son deuxième titre de champion de France en 1994 sous les ordres d'Artur Jorge.
Arrivé du Werder de Brême, formation particulièrement portée vers l'attaque, où il bénéficiait d'une liberté de manœuvres au poste de meneur derrière deux attaquants, Micoud a sans doute dû trouver l'atterrissage en terre girondine assez brutal, ce que reconnaissait mercredi dans les colonnes de L'Equipe le gardien Ulrich Ramé, bien placé pour analyser la situation, lui qui était déjà de la partie lors de l'année du titre. "Avec lui, on souhaite se tourner vers un état d'esprit plus offensif, mais il faut qu'il comprenne qu'on a encore des réflexes défensifs de la saison dernière. C'est vrai qu'on joue parfois trop bas, mais il faut qu'il accepte certaines choses."
Bref, le jeu pratiqué par les Girondins n'est pas fait pour favoriser l'épanouissement d'un joueur déjà d'un naturel réservé et qui a tendance à se renfermer sur lui-même lorsque les choses ne tournent pas rond. Mais là où lui aimerait que les autres fassent l'effort de poser davantage le ballon à terre, ses partenaires et Ricardo lui demandent de s'adapter au jeu de l'équipe, quitte à jouer un peu contre-nature. "Ce n'est pas à l'équipe de s'adapter à lui, confirme le manager brésilien dans L'Equipe. Trouver le meilleur positionnement pour Johan est complexe car son idéal n'est pas forcément celui des autres. Quand je cherche une équipe, je ne pense pas à Micoud, à Fernando ou à Darcheville, mais à toute l'équipe." Le message est clair: pour sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve, Micoud doit forcer sa nature et tenter de s'adapter au schéma de jeu girondin. Faute de quoi, l'ancien joueur du Werder pourrait bien voir son temps de jeu diminuer sensiblement...
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